S’il est un secteur qui connaît la crise, c’est bien celui des éditeurs. Ces derniers sont confrontés à divers problèmes, dont la contrefaçon, qui les empêchent de rentabiliser leurs entreprises. L’Association sénégalaise des éditeurs a affiché toute sa détermination à mener un combat sans merci contre la contrefaçon des ouvrages qui a pris de l’ampleur ces dernières années au Sénégal.
#Confrontés à cette chute vertigineuse de leur rentabilité, les éditeurs veulent croire à un possible redressement de la situation. Cela suppose que l’équation de la contrefaçon soit d’abord résolue. Au cours d’un atelier de renforcement de capacité axé sur le thème : « Droit d’auteur et la négociation d’un contrat d’auteur de manuels scolaires/-Isbn : sens et portée, procédure, gestion », ce fléau a été déploré par Aminata Sy, présidente de l’Association sénégalaise des éditeurs. Cette rencontre de trois jours s’inscrit dans le programme de renforcement de capacités des éditeurs qui est le fruit du partenariat entre le Canada, le ministère de l’Éducation nationale et l’Association sénégalaise des éditeurs.
Pour la présidente de l’Ase, la contrefaçon porte un grand préjudice aux éditeurs sénégalais dont les œuvres sont régulièrement piratées. « Avec la contrefaçon, on rencontre d’énormes difficultés qui portent un grand préjudice aux éditeurs qui publient et commercialisent des ouvrages. Le contenu de l’œuvre appartient à l’auteur, mais c’est l’éditeur qui investit son argent pour fabriquer l’ouvrage et en fin d’exercice, il paie à l’auteur les droits d’auteur. Mais depuis quelque temps, le secteur de l’édition est paralysé par un piratage chronique », a expliqué Mme Sy.
Long combat
En effet, il suffit de faire un tour dans les marchés de Dakar et de l’intérieur du pays pour constater l’ampleur du phénomène qui constitue un véritable gouffre pour les éditeurs. « Toutes nos œuvres sont étalées au marché Sandaga alors que l’éditeur a investi son argent. Nous sommes une entreprise commerciale et si nous vendons, c’est pour avoir une marge bénéficiaire et faire marcher nos entreprises. Malheureusement, des gens reproduisent nos livres et les vendent en toute impunité », a-t-elle déploré. Avant l’avènement de la Société sénégalaise des droits d’auteur et des droits voisins (Sodav), a noté Mme Sy, le Bureau sénégalais des droits d’auteur (Bsda) accompagnait les éditeurs, mais les résultats escomptés n’avaient pas suivi. Pour autant, les éditeurs ne baissent pas les bras dans ce combat.
Pour Youssou Soumaré, secrétaire général par intérim de la Sodav, la contrefaçon est une question d’envergure internationale qui va au-delà de nos frontières. « Cette question est une réalité chez nous, parce que les livres, les manuels scolaires font l’objet de contrefaçon à outrance au Sénégal. Il faut, au-delà des simples questions d’usage, de rappel sur les questions de droit dégager, mettre en œuvre des stratégies pour contrecarrer cette contrefaçon », a indiqué M. Soumaré qui a plaidé pour la mise en place d’une cellule de lutte contre la contrefaçon. « Au Sénégal, il n’y a pas encore une structure chargée de suppléer. Il y a la brigade qui lutte contre la contrefaçon, mais pas encore une association où il y aura des acteurs civils qui vont prendre à bras le corps cette question. Il va falloir donc aider les éditeurs à mettre en place cette cellule, mais aussi dégager des moyens pour son fonctionnement et mettre aussi toutes les stratégies pour son opérationnalité pour éradiquer ce fléau au Sénégal et juguler ses effets néfastes », a relevé M. Soumaré.
L’accès des éditeurs nationaux aux marchés publics et la préférence nationale font également partie des préoccupations. L’Ase, selon sa présidente, est en train de faire le plaidoyer pour avoir accès au marché scolaire qui représente des milliards. Mais le hic, selon Aminata Sy, est que ce marché est ouvert aux multinationales et aux nationaux. « Ce sont les multinationaux qui ont les conditions les plus faciles pour gagner les marchés et qui distribuent les ouvrages au détriment des éditeurs nationaux. Mais l’Ase est là pour lutter contre ça », a assuré Mme Sy.
S. O. FALL