"Les adeptes de la grande famille du hip hop se désignent comme des poètes, des philosophes, des penseurs et surtout comme les meilleurs chroniqueurs de la société. Les fils et filles du hip hop donnent corps aux espoirs et espérances de cette société à travers des mots justes et forts. Cela fait bien longtemps que la version moderne du hip hop née aux États-Unis dans les années 1970 a adapté sa forme griotique de revendication, de contestation, de réunification en Afrique et dans le monde entier, à travers la musique des peuples.
Wala Bok : une histoire orale du hip hop au Sénégal se souvient et narre les mémoires des générations de pratiquants du hip hop, des derniers précurseurs aux derniers arrivés, des promoteurs et des rares critiques sociaux intéressés par ce mouvement aux multiples facettes. Une ballade à travers l’histoire et la vie contemporaine dans la jungle urbaine et dans les quartiers populaires. Les portraits artistiques et témoignages de ce courant motivé par la reconnaissance de la diversité culturelle et la quête d’un monde meilleur dévoilent une société hétéroclite qui tire les ficelles entre promotion artistique personnelle et engagement politique.
En interrogeant l'histoire du hip hop au Sénégal, on voit clairement que ses acteurs dès le départ se démarquent des politiques officielles et se mêlent de la gestion des affaires de la cité. Ils adhèrent à plusieurs agitations citoyennes, « Set Setal » des années 1980 et 1990, avec le combat hautement médiatisé du mouvement « Y'en a Marre » qui sera reconnu comme étant l'une des sentinelles essentielles ayant servi à écourter le projet monarchique d'un président octogénaire et contribué à installer la deuxième alternance politique au Sénégal en 2012. C’est un livre qui se veut témoin de son temps, telle une anthologie, mais en même temps un journal intime qui converse hip hop, religion, politique et avenir pour comprendre les enjeux de l’existence même de la culture hip hop, seul garde fou de nos sociétés.
A propos de l'auteur
Fatou Kandé Senghor a fondé une plateforme de recherche artistique nommée Waru Studio à Dakar qui fonctionne comme un laboratoire d’expérimentation, art, science-technologie, écologie et politique du changement, un incubateur qui allie toutes ces sciences en utilisant les nouvelles technologies. Elle a une expérience solide tant par sa diversité que par son caractère international, une sensibilité à l’évolution de l’environnement social, une ouverture culturelle acquise au gré de nombreux séjours en Afrique et à l’étranger. Elle fait partie de ce groupe d’artistes africains engagés et soucieux de performance. Cette appartenance à une génération speedée, Kande Senghor ne la revendique pas, elle l’exprime à travers sa sensibilité d’artiste à travers, ses films, sa photographie, et sa pratique de la gravure.